La peinture de paysage est un genre artistique qui consiste à représenter des paysages. Ce genre prend place aux côtés du portrait, de la peinture de genre, et de la nature morte. Au 18^e siècle, le paysage topographique, "veduta" qui signifie « vue », est un genre pictural qui prospère en Italie et principalement à Venise, basé sur la représentation perspective de paysages urbains. Il représente nécessairement un lieu précis et identifiable, retravaillé en atelier à partir de croquis pris sur le sujet.

La période contemporaine, en faisant du paysage l'objet d'une observation méticuleuse et relative en termes de lumière et de couleurs, lui donne un rôle très différent afin de créer une représentation fidèle à la perception vécue que peut en avoir un observateur. Cette fidélité dans la restitution, essentiellement effectuée sur site, s'exprime dans les contrastes et les touches « vibrantes ». Madeleine Prud’homme Hartemann va développer, au cours de ses voyages (Bretagne), au cours de ses séjours hivernaux en Autriche (Zürs et Lech) ou pendant ses marches sur les sentiers du « Club Vosgien », une technique de peinture à la gouache ou à l’huile sur le motif qui reflète ses impressions artistiques du lieu et du moment. Les critiques ne se sont pas trompés qui dès 1953 précisaient « Pour la première fois nous avons rencontré à cette exposition Mme Prud’homme-Hartemann avec six grands paysages de neige du Vorarlberg, d’un style vigoureux, d’une technique au couteau très plastique et d’un coloris témoignant d’une grande sensibilité ».

Elle va beaucoup travailler les paysages autour du chalet « Chanteclair » à Orbey, dans cette moyenne montagne vosgienne, rendant avec bonheur le côté verdoyant et ensoleillé de ses versants « rapides » (pentus) comme disent les paysans de la vallée. Toujours la critique : « 8 novembre 1956 "Les Vosges vues par le peintre". (H Walter). Mme Prud'homme Hartemann nous invite à visiter les Vosges moyennes avec "hameau de Tannach". Que c'est bien là le caractère de ce paysage, de montagne certes, mais qui ne manque pas de douceur. C'est une vue plongeante, douce et harmonieuse où l'enchevêtrement des lignes conduit insensiblement le regard vers les chaumes en ne laissant que peu de place pour le ciel. C'est bien vu et bien rendu. »

Marcel Prud’homme avait été désigné avant-guerre secrétaire puis entre 1965 et 1977 Président de l’Association « Ski Club Hautes Vosges ». Cette association avait construit en 1911 un refuge situé sur les chaumes de « Uff Rain » à plus de 1.000 mètres d’altitude à l’extrémité de la vallée de Munster dans les Vosges. Ce chalet, devenu le "Rain", était le lieu de ralliement de nombreux amis de Marcel et Madeleine, essentiellement en été, et a servi de sujet pour de nombreuses peintures de Madeleine.

Vers 1970, l’artiste va faire des essais, réussis, de lavis au pinceau sur papier Japon. Technique appelée « Sumi-e »  au Japon est composé de « sumi » qui désigne l’encre de Chine noire et « e » qui veut dire peinture ou voie. C’est à la fois une technique de peinture monochrome et une forme de méditation. Elle trouve son origine dans la calligraphie chinoise du 5ème siècle importée au Japon, par des moines Zen, au 14ème siècle. Il n’est pas utilisé d’autre nuance que le noir de l’encre, plus ou moins diluée, ce qui procure des nuances subtiles. La retouche ou la correction sont bannies. Cet art nécessite donc l’apprentissage de la maîtrise du geste et du trait qui doit être pur. Elle va donc présenter des lavis Sumi-e dans une exposition en 1970, immédiatement relevés par la critique : Mais l’éclectisme de Mme Prud’homme-Hartemann se dégage essentiellement dans un classicisme (éloigné de tout académisme scolaire) tout au long des autres œuvres offertes à notre dilection – depuis le fragile et ravissant lavis au pinceau (1) sur papier japon - pièce excellente dans sa luminosité diffuse d’une ruisseau à Orbey, où l’horizon se noie dans l’espace translucide - jusqu’aux pièces finales. Et si nous insistons sur ce lavis, c’est qu’il constitue une création majeure de l’ensemble retenu, et ceci, très franchement nous a conquis. »