"Au sens général, représentation d'une personne » (Etienne Souriau) mais la définition du portrait comme concept esthétique appelle quelques précisions :
Dans les arts plastiques, le portrait est déjà une interprétation et transcription, donc choix, pour rendre l’apparence extérieure d’une personne, quel que soit le degré de réalisme. Bien qu’uniquement visuel, le portrait peut rendre très sensible la personnalité intérieure du modèle, par de nombreux indices tels que la pose, l’expression de la physionomie, le regard.
Le fait que le modèle soit une personne réelle n’a aucune importance pour les procédés employés par l’art pour le faire connaître. Dans le cas de Madeleine Prud’homme Hartemann elle utilise les techniques du dessin uniquement au crayon ou la technique de l’huile. En revanche il en a pour le travail demandé à l’artiste. Le portrait d’une personne réelle demande à l’artiste d’être observateur et même psychologue pour pénétrer la personnalité du modèle.
Le genre du portrait, témoigne d’un intérêt pour l’individuel ; ce n’est pas seulement l’être humain en général, ou tel type d'une espèce, que rend le portraitiste ; c’est telle personne en tant qu’elle est elle-même (et ceci, même si au travers de l’individu transparaît une idée de portée générale : le portrait ne s’y réduit pas). Ce caractère existe aussi bien dans le portrait œuvre autonome, que dans les portraits de groupe.
Madeleine Prud’homme Hartemann est essentiellement reconnue comme une portraitiste de talent, et le nombre d’œuvres présentées en atteste.
Elle a travaillé le portrait au cours de ses études et s’y sent à l’aise. Elle a le don de comprendre rapidement la structure du visage, la position et le regard de son modèle. Très attirée par les portraits d’enfants, elle dessine très vite malgré les mouvements intempestifs des jeunes modèles qui ne peuvent garder la pose. Ces dessins au crayon sont d’une finesse et d’une simplicité de lignes telles que tout parait très simple. La personnalité du modèle transparaît immédiatement, souvent consacrée dans le regard, avec un minimum de moyens.
La critique souligne ce don exceptionnel: "Enfin, nous voici devant des huiles : carrées, nettes, précises. Nous aimons la remarquable mise en page triangulaire de ce marché péruvien, éclatant de vérité. Voyez le N° 15 (« Séraphin ») : c’est un monument de malice, de « vice » que ce vieux vacher, perdu dans ses montagnes, clignant de l’œil au-dessus d’un mégot ramassé Dieu sait où. Mais ne manquez surtout pas « Firmin » (23), ce touchant marchand de fleurs que tous les colmariens connaissent pour l’avoir vu devant la gare centrale, soit rue de serruriers, les jours de marché. Hiératique, offrant silencieusement ses petits bouquets de fleurs modestes, « Firmin » Miclo est d’ailleurs sorti de la toile, samedi, (jour de vernissage de l'exposition) pour distribuer par la grâce de Madeleine Prud’homme Hartemann ses gentilles fleurettes aux nombreuses dames de l’assistance. Et puis, pour terminer, citons ces très beaux portraits à l’huile de femmes sénégalaises, brossés avec un réalisme sagement calculé.