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Portraits Crayons

Madeleine Prud’homme Hartemann est essentiellement reconnue comme une portraitiste de talent, en particulier pour ses portraits au crayon (technique dite des trois crayons)

Après la disparition de sa mère en août 1935, Madeleine Hartemann suit les cours des Arts Décoratifs de Strasbourg complétant ainsi deux années d’élève de l’Ecole municipale de Dessin et d’Art Appliqués à l’Industrie de Paris (Arts Appliqués de la rue Duperré). Son père étant décédé en 1925, elle est orpheline à 20 ans. Son tuteur est son oncle paternel le Colonel Paul Hartemann (1867-1959) résidant à Nancy.

Elle décide de poursuivre ses études artistiques et trouve une place de surveillante et de professeur de dessin pour financer ses études à l’établissement secondaire "Notre Dame" au 3 rue des Mineurs à Strasbourg (octobre 1935 – mai 1938). Ce poste lui permet de suivre, après l'obtention de son diplôme, les cours de gravure et d’eau forte de René Allenbach en 1937 et 1938.

Très rapidement la guerre éclate et l’annexion de l’Alsace par le régime allemand va entraîner de nombreux mouvements de population. Beaucoup de travaux et d’études provenant de la période de formation sont perdus. Seules 9 œuvres de cette période ont pu être retrouvées, dont deux cuivres.

A partir de 1960, elle va se consacrer au portrait au crayon car elle s’y sent à l’aise. Elle a le don de comprendre rapidement la structure du visage, la position et le regard de son modèle. Ces dessins au crayon sont d’une finesse et d’une simplicité de lignes telles que tout parait très simple. La personnalité du modèle transparaît immédiatement, avec un minimum de moyens.Très attirée par les portraits d’enfants, elle dessine très vite malgré les mouvements intempestifs des jeunes modèles qui ne peuvent garder la pose. 

Lors de sa dernière exposition publique en 1974 le critique précise:

Mme Prud’homme se sent attirée par le portrait, vocation difficile entre toutes. Le portraitiste, en effet, tente un dialogue mystérieux et délicat avec ce qui est visible par les traits de « l’autre » du vis-à-vis. Or, Mme Prud’homme a opté pour le portrait de l’être qui se dérobe trop souvent aux apparences par la perpétuelle mouvance des traits, par la mollesse sinon l’absence de contours. Je parle du portrait d’enfant, surtout du portrait au crayon. Le relief quasi inexistant dans le visage enfantin, incite l’artiste en présence à le saisir par l’épure de l’ovale, des rares arrêtes d’un nez mutin, d’une bouche dont le trait trahit le petit caractère qui s’affirmera sous peu dans cette face, qui en attendant parle par la clarté et l’ardeur de la prunelle, par l’insistante candeur du regard.

Un autre critique souligne cette remarquable aptitude: Le style de Mme Prud’homme est d’un classicisme rigoureux, que nous retrouvons jusque dans la parfaite symétrie de l’accrochage, convient à merveille aux portraits qu’elle réalise aux crayons : c’est à dessein que ce pluriel est employé ici, car il faut bien une quinzaine de crayons, plus ou moins durs ou gras, maniés avec une précision et une virtuosité inouïes, pour donner à ces visages simplement dessinés cette présence, cette vie, qui d’emblée classent l’artiste dans les grands portraitistes. Nous citerons « L’Aïeule », « La Faneuse », le « Colonel G », « le fermier orbelais » et les magnifiques portraits d’enfants dans lesquels Mme Prud’homme excelle : les « Trois frères », les « Bons petits diables », la blondeur rêveuse et délicate de la fillette avec son frère, et les joues rebondies, les boucles brunes et le regard espiègle d’une délicieuse « Marie-Gabrielle » dont le modèle doit avoir à peine trois ans.

Ces portraits au crayon sont les plus tendres témoignages que Madeleine Prud’homme Hartemann a laissés à sa famille et à ses très nombreux amis qui lui ont commandé la représentation artistique d’un moment de leur vie.

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